Le cycle de l’azote et ses surplus

Nous avons vu les conséquences de l’azote dans l’eau avec le phénomène d’eutrophisation. Maintenant, nous allons aborder les conséquences des pollutions de l’azote dans les milieux terrestres.

© Philippe Giraud Biosphoto

Le cycle de l’azote

Les origines naturelles de l’azote du sol sont :

© QA International / Photo Researchers / Biosphoto

les déchets organiques en décomposition ou l’azote de l’atmosphère fixé dans le sol grâce à certaines bactéries ou champignon et certaines plantes, comme les légumineuses, qui s’associent avec des micro-organismes. Grâce à cela, l’azote, indispensable pour les plantes, est présent en différentes quantités dans le sol. En temps normal, c’est un cycle où l’azote va du sol aux plantes, en passant par les animaux pour retourner au sol. Ce cycle peut être perturbé. En zone de culture, le cycle est rompu, car les végétaux sont extraits de la zone après récolte. L’azote ne retourne pas dans le sol. C’est pourquoi il est courant de mettre des engrais. Cependant, lorsque l’on pose trop d’engrais, le cycle est aussi perturbé. C’est le cas en agriculture et en élevage où des quantités énormes d’azote sont apposées au sol via les apports d’engrais et les déjections. Lorsque les concentrations d’azote du sol changent, les populations de plantes changent aussi. Quand il y en a peu, les plantes qui ont besoin de peu d’azote, comme les plantes de prairie ou les graminées qui fixent l’azote de l’air, colonisent plus facilement les milieux. À l’inverse, s’il y a beaucoup d’azote, les plantes qui ont des croissances rapides en zone riche sont favorisées.

Le déclin de la biodiversité de plantes lié à l’azote

© Bruno Guénard / Biosphoto

De tout cela découle un problème. Il a été prouvé que plus il y a de quantités d’azote dans le sol, moins la diversité de plantes est importante. Effectivement, comme expliqué précédemment, les plantes les plus compétitrices dominent les terrains. Ainsi, la diversité diminue et certaines espèces de plantes, incapables de rivaliser, sont donc en train de disparaître. Avec la diminution de la diversité de plantes, il y a aussi une diminution de diversité de nourritures pour les pollinisateurs et les herbivores. Toute la chaîne du vivant est alors indirectement pénalisée par la pollution d’azote. C’est le cas par exemple pour les papillons. Certains d’entre eux ont besoin, pour se nourrir et pour se reproduire, de types de fleurs et plantes spécifiques qui ne sont plus présentes. N’ayant suffisamment de quoi manger, ils déclinent à leur tour. Les engrais azotés favorisent aussi l’acidification du sol et la création du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre détruisant la couche d’ozone. Ajouté à cela, s’il y a des perturbations telles que beaucoup de tontes ou de désherbages, ce sont les plantes avec des cycles courts, telles que les plantes annuelles, qui sont facilitées. Ainsi, en voulant donner des nutriments aux plantes et limiter la compétition entre elles et nos plans, on favorise à l’inverse les plantes considérées comme des mauvaises herbes.

Éviter les surplus d’azote au potager

La même chose peut se passer au potager. En ajoutant trop d’engrais et en désherbant souvent, vous facilitez la colonisation de plantes qui reviendront très vite se répandre et vous diminuez leur diversité. C’est pourquoi, nous recommandons d’utiliser des engrais naturels qui mettent du temps à se dissoudre dans le sol et qui sont aussi moins solubles. Vous pouvez utiliser le paillage, le mulch, le compost, les purins, etc. Ces actions à elles seules assurent déjà la continuité du cycle de l’azote.

© Jean-Michel Groult / Biosphoto

Aussi, ajouter de l’azote n’est pas forcément toujours la meilleure solution pour augmenter vos rendements.  Si vos plants ne donnent pas assez malgré la présence de beaucoup d’azote, il y a peut-être alors d’autres explications. Les plantes ont aussi besoin de carbone, d’eau, etc. Les surplus d’azote encouragent d’ailleurs des déficits d’autres éléments comme le calcium ou le phosphore. Certains métaux lourds peuvent aussi empêcher l’azote d’entrer dans les plantes. Ajouter continuellement des apports d’azote n’est donc pas forcément optimal et il vaut mieux éviter son excès.

Une des manières d’éviter le risque de surplus d’azote est d’observer votre environnement. Vous pouvez par exemple reconnaître des espèces de plantes bio-indicatrices, comme les orties, qui lorsque leur présence devient élevée, indiquent potentiellement une forte concentration d’azote. Il faut donc continuer d’être attentif au jardin et écouter ce que la biodiversité a à nous dire. Vous pouvez toujours poser des questions dans le forum si vous avez un doute sur ce qu’il se passe dans votre jardin. De plus, les prairies, haies, etc permettent de filtrer l’azote du sol et le nettoient.

Les perspectives au jardin

Si on utilise les bonnes quantités d’azote en engrais, le milieu peut retourner à la normale et ré-accueillir la biodiversité. Il y a souvent des graines en dormance dans le sol qui ne demande qu’à pousser. La végétation colonise aussi de nouveaux milieux par diffusion des espaces naturels avec le vent ou les animaux. Ainsi, rien n’est perdu. Il est possible de faire des erreurs au potager, mais si l’on s’adapte au fil du temps, la biodiversité finira par revenir.

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