Favoriser les pollinisateurs sauvages au jardin

Des fleurs sauvages pour attirer abeilles, papillons, bourdons et autres petits insectes butineur

Au printemps, nombres de petits insectes viennent récolter nectar et pollen des fleurs sauvages de nos jardins. Ces insectes pollinisateurs entretiennent une relation étroite avec les plantes qu’ils butinent, ils se sont adaptés et ont évolué avec elles. Cependant, les populations de pollinisateurs sont en déclin, à cause notamment de l’utilisation de pesticides, de la fragmentation des habitats et de la perte de ressources alimentaires. Or, 70 à 80% des plantes dépendent de la pollinisation par les insectes. Introduire des plantes sauvages au jardin est un moyen de lutter contre ce déclin et de favoriser la biodiversité aussi bien animale que végétale.

Des fleurs sauvages pour attirer abeilles, papillons, bourdons et autres petits insectes butineurs

© (c) D. Bringard / Biosphoto

Voici quelques exemples de fleurs sauvages ayant un intérêt pour les pollinisateurs, il en existe de très nombreuses :

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scabieuse
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Scabieuse (Scabiosa columbaria, famille des Dipsacacées)

Cette plante vivace dont la floraison bleu-violet s’étale de juillet à novembre est idéale pour les zones sauvages fleuries en été. Elle passe facilement les hivers froids et les étés secs. Elle préfère les sols secs et calcaires et apprécie d’être exposée au soleil. Très attractive, elle attire de nombreux insectes comme les mouches, les papillons, les guêpes tenthrèdes ou encore les abeilles. Sa floraison tardive permet à de nombreux insectes de faire des réserves de pollen et de nectar avant la période d’hivernation. Elle sert également de nourriture pour certaines chenilles telles que la noctuelle du pois.

Elle se sème à l’automne de préférence, sinon au printemps. La récolte des graines se fait elle aussi à l’automne quand les fruits deviennent bruns et que l’on peut les détacher aisément de la tige avec la pression des doigts

phacelie
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Phacélie (Phacelia tanacetifolia, famille des Hydrophyllacées)

La floraison bleue violacée de cette plante vivace s’étale d’avril à novembre, elle est idéale pour couvrir rapidement une terre nue. Elle nécessite un sol riche et frais et une exposition au soleil. Punaises, coléoptères, mouches, papillons, guêpes, abeilles et bourdons se pressent sur ses fleurs mais elle ne doit pas manquer d’eau pour produire son nectar abondant et très sucré.

Elle peut se semer tout au long de l’année sauf en période de grands froids. Les fruits sont récoltés lorsqu’ils commencent à sécher et s’effritent.

veronique
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Véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys, famille des Scrofulariacées)

Cette plante vivace fait des petites fleurs d’un bleu intense qui apparaissent de mars à juillet. Elle aime les sols secs et une exposition au soleil ou à mi-ombre. Au jardin elle peut se plaire dans une prairie ou une haie. Ses fleurs sont visitées par les syrphes (redoutables auxiliaires), les guêpes parasites et les guêpes chasseresses ainsi que par certaines abeilles dont les halictes. Elle sert également de nourriture pour quelques chenilles notamment celles de la mélitée noirâtre, de la mélitée orangée, et pour des petits charançons.

La récolte des graines étant très difficile, la multiplication végétale doit se faire par la division de touffes au printemps avec un repiquage* sur un sol nu désherbé (manuellement) afin d’éviter la concurrence lors de la reprise.

achillee
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Achillée (Achillea millefolium, famille des Astéracées)

Cette plante vivace présente des petites fleurs blanches rassemblées en ombelles aplaties. La floraison s’étale de juin à août. Elle préfère les sols secs plutôt pauvres et ensoleillés. Ses fleurs attirent de nombreux insectes pollinisateurs tels que les petits buprestes comme l’anthaxie brillante et l’anthaxie de la chicorée, ou les longicornes comme le clyte de nerprun et le sténoptère roux.

L’Achillée présente également de nombreux avantages pour la biodiversité et pour le jardinier. Il est intéressant par exemple d’avoir de l’achillée près du potager qui agit comme un répulsif envers les insectes dits « nuisibles » aux cultures grâce à son odeur âcre. La plante sert également de nourriture pour une dizaine de chenilles ainsi que pour plusieurs charançons, pour la chrysomèle marginée, la galéruque de la tanaisie, la phytoécie pustulée et la phytoécie virgule. Ses graines quant à elles intéressent verdiers, moineaux, bouvreuils, pinsons et mésanges.

Le semis se fait au début de l’automne ou au printemps. La récolte des graines se fait à la fin de l’été ou en automne quand les ombelles sont devenues marrons.

sauge
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Sauge des prés (Salvia pratensis, famille des Lamiacées)

La Sauge des prés est une plante vivace dont les grandes fleurs violettes ou blanches apparaissent de mai jusqu’à août. La plante est idéale pour une prairie fleurie. Elle aime les sols plutôt secs, riches et calcaires et être exposée au soleil. Les abeilles et les bourdons visitent ses fleurs très riches en nectar.

Les chenilles du vert-doré et de la peltigère, les noctuelles ainsi que certaines chrysomèles comme l’altise à gros fémurs et la casside verte se nourrissent de cette plante. Ses graines se récoltent à la fin de l’été quand elles noircissent. Elles peuvent être semées juste après la récolte.

Conseil de jardinier : il est important de ratisser pour enfouir les graines.

La Salvia pratensis ainsi que l’Achillea millefolium font parties des plantes sauvages qui composent lemélange de Noé Pollinisateurs Sauvages. Découvrez ou redécouvrez l’article consacré au mélange Noé et l’article sur les plantes de prairie qui favorisent les pollinisateurs sauvages.

Comment les insectes choisissent-ils les plantes qu’ils vont butiner ?

Les fleurs, en fonction de leur forme, leur couleur ou encore leur odeur, vont attirer une gamme d’insectes pollinisateurs variée et spécifique. Voici des exemples d’insectes pollinisateurs et des fleurs sauvages qu’ils favorisent :

  • Les papillons nocturnes vont être attirés par les fleurs pâles, blanches, verdâtres qui sont plus visibles la nuit. Le pollen est dissimulé dans un long tube étroit accessible aux papillons grâce à leur longue trompe. Au jardin on peut rencontrer le Chèvrefeuille des haies (Lonicera periclymenum), le Compagnon blanc (Silene alba) ou encore la Saponaire (Saponaria officinalis).
  •  Les papillons diurnes préfèrent les plantes très colorées comme la Linaire commune (Linaria vulgaris), la Coquelourde des jardins (Lychnis coronaria) et la Lunaire (Lunaria annua).
  •  Les abeilles butinent des fleurs colorées pourpres, jaunes ou des fleurs blanches qui possèdent des « guides à nectar » (dessins visibles dans les ultraviolets par les abeilles, permettant de les guider jusqu’au nectar). De nombreuses fleurs attirent les abeilles, on peut citer la Centranthe rouge (Centranthus ruber), l’Ancolie (Aquilegia vulgaris) ou encore le Lin (Linum usitatissum).

 

Les plantes doivent ainsi rivaliser d’ingéniosité pour attirer les insectes jusqu’à leur fleur et ainsi maximiser leurs chances de voir leur pollen transporté sur les autres fleurs de leur espèce. Certaines espèces végétales sont spécialisées pour un insecte ou une catégorie d’insectes, il est donc indispensable de planter des fleurs sauvages au jardin pour leur pérennité mais aussi celle des pollinisateurs.

Les bons gestes du jardinier pour favoriser les plantes sauvages et les pollinisateurs :

Pour favoriser la venue de pollinisateur dans votre jardin, certaines pratiques sont à privilégier ou à éviter :

  • N’utilisez pas de produits phytosanitaires comme les pesticides : leur impact sur la biodiversité de nos jardins est dramatique !
  • Etalez au maximum les floraisons dans votre jardin afin d’attirer une plus grande diversité de pollinisateurs, sur une plus longue période. Le mélange Noé Pollinisateurs Sauvages a été créé pour cela, n’hésitez pas à le semer !
  • Laissez un coin au naturel (premier geste de la charte de Noé !) qui favorise la venue de plantes sauvages dans votre jardin et donc d’insectes pollinisateurs.

 

Et pour savoir si vos efforts sont couronnés de succès, n’hésitez pas à participer à l’Observatoire de la Biodiversité des Jardins : une façon passionnante de suivre l’évolution de la biodiversité de votre jardin et d’aider les scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle à mieux appréhender les dynamiques des populations et à établir à terme des corrélations avec les conditions écologiques associées (températures, changements climatiques, utilisation de produits phytosanitaire, etc.).

Glossaire :

Repiquage : technique qui consiste à déplanter un végétal et à le replanter dans un autre substrat de culture ou un autre endroit

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