S'informer : Les bonnes pratiques de jardinage

Explorez les pratiques de jardinage liées à la Charte des Jardins de Noé. Vous y trouverez tous les conseils nécessaires et adaptés à votre niveau et au temps que vous accordez à votre jardin.

Les maladies bactériennes

Les maladies, c’est toujours embêtant. Comme les humains, les végétaux aussi peuvent être toucher par des maladies qui peuvent se transmettre, les affaiblir et les tuer. Nous avions déjà évoqué dans un article le sujet des maladies cryptogamiques (causées par des champignons) qui représentent une part importante des maladies qui touchent les plantes. Mais il existe une autre catégorie de maladies, causées par des éléments pouvant être encore plus petits mais tout aussi néfastes que les champignons : les bactéries. Bien connus pour les maladies qu’ils peuvent engendrer chez les humains, ils peuvent également être phytopathogènes (engendrer des maladies chez les plantes). Découvrez ces différentes maladies et comment les limiter pour protéger les végétaux de votre jardin.

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@Pixabay / HeungSoon

 

Présentation des bactéries

Les bactéries sont des êtres microscopiques la plupart du temps unicellulaires (un individu = une seule cellule), même s’il en existe certaines pluricellulaires. Ce qui différencie les bactéries du reste des organismes vivants c’est que ce sont des procaryotes. Cela signifie que dans la cellule, le matériel génétique (ADN) n’est pas contenu dans un noyau délimité comme c’est le cas chez les autres êtres vivants, la structure de la cellule présente moins de compartimentation et de complexité et les mécanismes cellulaires agissent différemment.

Mode d’action des bactéries phytopathogènes

On peut identifier trois phases chez les maladies bactériennes :

Phase de conservation pendant laquelle les bactéries résistent aux conditions extérieures difficiles (températures élevés, rayons UV, Antiseptiques, dessiccation …) sous formes de spores. Elles sont souvent présentes sous cette forme inactive à proximité des plantes et dès que les conditions sont favorables, elles peuvent « germer » et devenir actives afin d’être prêtes à infecter les plantes cibles.

Phase d’infection : Les bactéries phytopathogènes peuvent infecter les plantes de différentes façons. L’infection est souvent « passive », accidentelle, même si des rares cas de bactéries qui détectent des éléments chimiques de plante les attirant (chimiotactisme) ont été observés. Les bactéries peuvent pénétrer dans la plante par des orifices naturels comme les stomates (structures présentent sur les feuilles qui permettent aux plantes de respirer) ou autres pores. Elles peuvent aussi infecter la plante à travers des blessures au niveau des tiges, feuilles ou racines, mais également à travers d’insectes spécifiques qui se nourrissent de la plante et peuvent être vecteurs de bactéries. Le vent et la pluie peuvent également être des facteurs favorables à la dispersion des bactéries facilitant l’infection de plantes. Les actions que nous pouvons avoir sur les plantes peuvent favoriser les pathologies bactériennes, les bactéries sont souvent introduites par des plaies réalisées lors de la taille par exemple, mais également par l’utilisation d’aérosols qui ont un effet similaire au vent et à la pluie pour les bactéries. Une fois à l’intérieur de la plante, les bactéries se développent rapidement, elles produisent alors une multitude de composés qui auront des effets sur les plantes : enzymes protéases (qui dégradent les protéines), pectines (qui vont attaquer les parois des cellules végétales), amylases et lipases (qui dégradent l’amidon et les lipides).

Phase de dispersion durant laquelle les bactéries se disséminent afin d’infecter de nouvelles plantes. La dispersion des bactéries phytopathogènes est assez efficace mais ne cause pas toujours de maladies (nécessité de pénétrer dans la plante comme vu précédemment). La pluie et le vent jouent ainsi un rôle assez important dans la dispersion de bactéries présentes sur les feuilles ou sur le sol. Les insectes pollinisateurs peuvent aussi transmettre les bactéries quand celles–ci touchent les fleurs et les insectes piqueurs également quand les bactéries touchent les tissus conducteurs. Les machines agricoles peuvent également transmettre les bactéries en remuant le sol.

Les principales maladies et symptômes

Les symptômes des infections bactériennes chez les plantes ressemblent beaucoup à ceux des maladies cryptogamiques. Une même bactérie peut provoquer des symptômes différents sur différents organes de la plante, on retrouve notamment :

http://ephytia.inra.fr/fr/I/11918/Verti-aubergine-DB-241

Nécrose sur feuille d’aubergine / @Ephytia

 

  • Les nécroses et les brûlures : ce sont des attaques localisées qui entraînent la mort progressive des cellules. La feuille présente alors des petites plaques brunes de cellules mortes et sèches.
  • Les tâches « huileuses » ou pourriture molle : l’attaque des bactéries se matérialise par une prolifération rapide qui détruit les tissus. La prolifération des bactéries se réalise dans un amas visqueux et fait apparaître des taches sur les feuilles ou de la pourriture sur le bois.
http://ephytia.inra.fr/fr/I/30685/Spongospora2

Tumeur sur racine de tomates / @Ephytia

 

  • Les galles ou tumeurs : il s’agit d’une prolifération anarchique des cellules de la plante atteinte provoquée par les bactéries, des amas difformes sont alors observés.
  • Les chancres : ils peuvent être dus à plusieurs types de bactéries, et touche principalement les arbres fruitiers. C’est une ulcération de la plante qui a de grandes chances de se développer et de tuer l’arbre si rien n’est fait, et a également un fort potentiel contagieux.
  • Les trachéobactérioses : il s’agit d’une prolifération à l’intérieur des tissus conducteurs de la plante malade. Les feuilles se flétrissent du côté des tissus atteints dû aux problèmes de circulation de la sève.

Parmi les espèces de bactéries phytopathogènes les plus récurrentes, on retrouve :

  • Pathovars de Pseudomonas syringae, les nombreux pathovars (groupe de différentes espèces bactériennes qui causent des symptômes et maladies similaires) de cette espèce provoquent des maladies de grande importance économique et ont joué un grand rôle dans l’appréhension scientifique de la pathogénicité bactérienne ;
  • Ralstonia solanacearum, agent de trachéobactérioses dans diverses cultures de grande importance économique (bananier, tabac, pomme de terre, etc.) ;
  • Xanthomonas oryzae pv oryzae, agent d’une des plus graves maladies du riz ;
  • Xanthomonas axonopodis pv manihotis, agent de la bactériose vasculaire du manioc ;
  • Erwinia amylovora, agent du feu bactérien des arbres fruitiers ;
  • Xylella fastidiosa, responsable de nombreuses maladies de cultures de grande importance économique, notamnent la maladie de Pierce de la vigne ; c’est aussi la première bactérie phytopathogène dont le génome a été séquencé ;
  • Pectobacterium carotovorum (et P. atrosepticum), agents de pourritures molles chez diverses cultures, notamment la betterave et la pomme de terre ;
  • Agrobacterium tumefaciens responsable de la formation de tumeurs (galle du collet) affectant de nombreuses plantes.

Si vous avez du mal à reconnaître les parasites de vos plantes, il existe des applications comme « Clinique des plantes » ou encore NatureID qui peuvent s’en charger pour vous.

Chancre bactérien du frêne / (© L.-M. Nageleisen)

Dangers des antibiotiques

Les traitements antibiotiques (Streptomycine, terramycine…), bien qu’efficaces sur les bactéries, sont des pesticides très nocifs. Ils sont d’ailleurs interdits dans de nombreux pays (sauf dans de rares cas de dérogations pour certaines maladies). Cela est notamment dû à la nocivité et aux risques sanitaires qu’ils font peser sur les espèces autres que les bactéries cibles. Ces substances peuvent compromettre toutes les espèces qui seront en contact avec la plante traitée et, via la chaîne alimentaire, se retrouver dans une part encore plus importante d’espèces (et même toucher les humains). Ces substances de synthèse ne se présentant pas dans la nature, elles sont dégradées plus lentement ce qui les rend encore plus nocives. Au-delà de ces risques communs à la plupart des pesticides, l’utilisation des antibiotiques sur les plantes peuvent également favoriser le développement de souches résistantes à ces derniers, ce qui rendrait leur action moins efficace sur les bactéries mais tout aussi nocives pour les autres espèces.

Certains fongicides peuvent également être efficaces sur les bactéries (foséthyl-aluminium par exemple) mais présentent des risques similaires aux antibiotiques (ce sont des pesticides également), il faut donc les éviter à tout prix. Voici donc quelques conseils afin de lutter contre ces maladies sans utiliser de pesticides.

Panneau d’informations sur des espaces entretenus sans pesticide en Bretagne @Biosphoto

Gestes simples à adopter pour éviter les maladies

Une fois la plante atteinte de maladie, des traitements sont possibles mais ces derniers ne sont pas efficaces à tous les coups et il peut être difficile d’arrêter l’infection : il vaut mieux prévenir que guérir !

Parmi les gestes simples de précaution on peut :

  • Éviter l’excès d’humidité,
  • Éviter d’endommager les tissus végétaux
  • Pratiquer la rotation culturale
  • Utiliser du matériel désinfecté lors de la taille
  • Désinfecter le sol par traitement vapeur – solarisation
  • Utiliser des variétés résistantes 

    @Biosphoto

Quand une plante est malade, il faut également limiter le plus possible la propagation de la maladie ! Pour cela il est conseillé de :

  • Supprimer toutes les parties contaminées : les fruits, feuilles et rameaux touchés. Il est indispensable d’éviter que les bactéries présentes sur les parties infestées ne se disséminent et se développent sur d’autres plantes de la même espèce.
  • Ne pas laisser des feuilles, fruits ou rameaux infectés sur la plante ou au sol afin de limiter la dispersion des bactéries.

Pour en savoir plus sur les méthodes de lutte contre les maladies bactériennes des plantes, nous vous avons préparer différentes fiches : une première traitant des produits hors pesticides faciles à utiliser contre les maladies bactériennes, une deuxième traitant des mesures préventives qui ne demandent pas beaucoup d’efforts à mettre en place mais auxquelles il faut y penser, et enfin une troisième à propos de mesures plus coûteuses en temps et en effort pour éviter ces maladies.

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