Une première évaluation mondiale sur les espèces exotiques envahissantes

En septembre 2023, l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) a publié la première évaluation mondiale sur les espèces exotiques envahissantes.

 

©IPBES

Pour rappel et conformément aux définitions de l’UICN, de la Convention sur la diversité biologique, du Parlement européen et du Conseil de l’Europe : Une espèce exotique envahissante est une espèce introduite par l’homme en dehors de son aire de répartition naturelle (volontairement ou fortuitement) et dont l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences écologiques et/ou économiques et/ou sanitaires négatives.

Attention toutefois aux raccourcis, exotique ne veut pas forcément dire envahissant ! Les espèces introduites n’ont pas toutes des conséquences négatives sur les écosystèmes dans lesquels elles se développent.

Pourquoi ce rapport ?

Au sein d’un précédent rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques, l’IPBES avait identifié les invasions biologiques comme l’une des 5 causes majeures d’extinction de la biodiversité.

En effet, les espèces exotiques envahissantes colonisent très rapidement les nouveaux écosystèmes dans lesquels elles s’établissent (absence de prédateurs, meilleures compétitrices…), créant plusieurs impacts possibles : modification du biotope, réduction de la disponibilité des ressources, forte pression de prédation sur certaines populations, modification et déséquilibre du fonctionnement des écosystèmes…). Les espèces exotiques peuvent également avoir des conséquences sur le fonctionnement de notre société en impactant la disponibilité de nos ressources alimentaires (disparition d’espèces comestibles) mais également augmenter certains risques sanitaires (risques allergiques, maladies…)

Ce nouveau rapport, qui se concentre cette fois-ci uniquement sur l’impact des espèces exotiques envahissantes sur la biodiversité mondiale, a pour objectifs de fournir des données plus précises sur ces impacts ainsi qu’à informer des options possibles pour faire face à ce problème, souvent sous-estimé par les décideurs politiques.  Ce rapport a été rédigé par 86 experts internationaux issus de 49 pays. Il s’appuie sur plus de 13 000 références (articles scientifiques, rapports gouvernementaux, savoirs autochtones et locaux). Le rapport est organisé en 6 chapitres :

  • Introduction aux invasions biologiques et à l’évaluation de l’IPBES : concepts, terminologie et risques ;
  • Synthèse des tendances passées et futures, et état des espèces exotiques et des espèces exotiques envahissantes ;
  • Facteurs directs et indirects de changement de la biodiversité affectant les invasions biologiques à différents stades : transport, introduction, établissement et propagation d’espèces exotiques envahissantes ;
  • Impacts des invasions biologiques sur la nature, les contributions de la nature aux populations et la bonne qualité de vie ;
  • Gestion des invasions biologiques : approches, efficacité et contraintes
  • Options futures pour la prévention et le contrôle des invasions biologiques : gouvernance et instruments politiques.

Quelques chiffres clé :

Voici un petit aperçu des données qui en ressortent :

  • 3 500 espèces exotiques introduites ont des impacts négatifs documentés dans la littérature, avec une variabilité du caractère invasif selon les taxons.
  • 60 % des extinctions globales d’espèces documentées ont un lien avec des espèces exotiques envahissantes.
  • 90 % des extinctions liées aux espèces exotiques envahissantes ont eu lieu dans les îles.
  • 390 milliards d’euros de coûts annuels estimés liés aux invasions biologiques : 92% des coûts provoqués par les impacts des EEE sur les services écosystémiques et les répercussions sur la qualité des conditions de vie humaine ; 8% liés à la gestion de ces EEE.

La gestion des espèces exotiques envahissantes s’impose donc comme prioritaire à bien des égards.

Quelles suites à cette évaluation ?

Ce rapport a pour objectif de coordonner les connaissances et les politiques en réponse aux dégâts environnementaux, sociaux et économiques des espèces exotiques envahissantes. Il a également pour but d’attirer une plus grande attention du public sur les impacts et dangers que représentent aujourd’hui les espèces exotiques envahissantes. Il représente donc une base commune et partagée qui pourrait permettre, à plus long terme, de co-développer des stratégies de prévention et de gestion des espèces exotiques envahissantes et ainsi mieux prévenir et appréhender leurs impacts sur la santé et la résilience des écosystèmes comme de notre société.

Comment agir à votre échelle :

Voici quelques exemples de bonnes pratiques pour participer, vous aussi, à limiter la progression et l’impact de ces espèces exotiques envahissantes :

  • Privilégier les plantes d’origine locale.
  • Limiter l’installation de la flore exotique dans son jardin en maintenant toujours une couverture végétale (en recouvrant les sols nus par du paillage ou l’implantation d’espèces couvres-sols par exemple).
  • Ne pas nourrir les animaux exotiques
  • Ne pas ramener des graines, fleurs ou animaux de voyage.
  • Ramasser les résidus de végétaux exotiques envahissants et les déposer en déchetterie.

Un aperçu de quelques outils et ressources pour connaître, suivre la répartition et appréhender les impacts de ces espèces exotiques envahissantes :

Ressources :

L’IPBES publie la première évaluation mondiale sur les espèces exotiques envahissantes

 

 

Partagez sur les réseaux sociaux :

Donnez votre avis