L’orvet, ce compagnon discret qu’on aimerait croiser plus souvent

L’orvet, un lézard, un serpent, les deux ou ni l’un ni l’autre ?

Sans doute l’avez-vous déjà croisé ou en hébergez-vous quelques-uns dans votre jardin. L’orvet est un bien curieux animal, assez discret, endémique à toute l’Europe et jusqu’au Caucase. Pour certains, il est un serpent ; pour d’autres, un lézard.

(Source : Gilles Martin / Biosphoto)

Avant de potentiellement vous surprendre, rappelons certaines généralités sur ce reptile. L’orvet, de son nom latin Anguis fragilis, signifie serpent fragile ou serpent de verre en langage commun, en référence à sa capacité d’autotomie. La même méthode de défense est utilisée chez les lézards et consiste à se détacher d’une partie de sa queue sous la pression d’un prédateur. Cependant, si chez les lézards, ce phénomène conduit à la régénération du membre, ce n’est pas le cas pour l’orvet.

Alors, lézard ou serpent ? Il est admis en général de le classer parmi les lézards. Totalement apode – sans pattes, ni pieds, ni nageoires – privé de venin, bien plus réticent à mordre que n’importe quel lézard, écailles homogènes sur tout le corps, l’orvet possède en effet de nombreux caractères en commun avec cette famille. Néanmoins, et avec les avancées scientifiques actuelles, il a été démontré que l’orvet appartient au groupe des toxicofères (varans et serpents), mais qu’il aurait perdu au cours de son évolution les glandes sécrétrices de toxines bien connues des serpents. Le nom de « serpent de verre » n’est donc pas si aberrant qu’il n’y parait…

Rassurez-vous cependant, cet animal est totalement inoffensif.

Biologie de l’espèce

Il est important de bien savoir le différencier d’une vipère ; ses écailles sont toutes de même taille et l’animal arbore une belle couleur brune, claire ou sombre, sur son corps, parfois avec une ligne dorsale claire s’il s’agit d’une femelle. Sa tête est peu distincte de son corps et possède des paupières mobiles, contrairement aux serpents. Niveau taille, ce petit reptile atteint les 50 centimètres maximum et vit jusqu’à 20 ans.

L’orvet fréquente de nombreux habitats, le plus souvent légèrement humides, mais pas nécessairement. Il affectionne les landes et lisières, les haies et jardins en friche mais aussi les zones rocheuses. Un endroit suffisamment abrité lui suffit pour se nourrir de ses proies favorites… les limaces et escargots ! Bien qu’il apprécie également cloportes et vers. Surtout actif en début de journée pour thermoréguler cet animal à sang froid, l’orvet est un semi-fouisseur entièrement carnivore qui appréciera les tas de compost pour y extraire ses proies.

(Source : Thiebaud Gontard / Biosphoto)

En été, la saison de reproduction commence. Ovovivipare, la femelle pond entre 4 et 25 œufs dont les juvéniles ne tarderont pas à s’extraire, complètement autonomes. Ils atteindront leur maturité sexuelle vers 3 ans pour le mâle et 5 ans pour la femelle.

Et pour mon jardin ?

Outre le fait de débarrasser votre potager des innombrables limaces et autres gastéropodes qui le peuplent, la présence de l’orvet est un critère de biodiversité et de qualité de milieu. Si vous en croisez non loin de votre résidence, soyez précautionneux lorsque vous tondez votre pelouse. Attention également, les orvets ont tendance à faire partie des proies de choix des chats, rapaces, serpents et autres mammifères.

Au niveau écologique, l’orvet est classé par l’IUCN comme préoccupation mineure dans la liste rouge des reptiles de France métropolitaine de 2015. Cependant, comme tout reptile ou amphibien, sa population est en fort déclin. Il est possible de s’informer sur la situation de l’orvet par région à cette adresse : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/77490/tab/statut

Les causes de sa disparition sont connues et reconnues : exigences écologiques vis-à-vis de l’habitat et faible capacité de dispersion. On peut également citer l’augmentation exponentielle de l’urbanisation et l’utilisation de pesticides et insecticides dans certaines régions.

Pour conclure, l’orvet est un bien bel animal qu’il convient de protéger et reconnaître afin de limiter les risques de le confondre avec un serpent. L’un comme l’autre sont d’ailleurs protégés et il est, de ce fait, interdit de les tuer. Préférez favoriser un abri pour l’orvet, qui saura vous rendre votre hospitalité en préservant vos cultures des limaces !

(Source : Laurie Campbell / Biosphoto)

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