Témoignage de jardinier

Le Jardin des Tourelles de Claire

L’expérience de Claire, de Jardinier de Noé à Ambassadeur

Le Jardin des Tourelles de Claire

une clairière dans la forêt
© C.Tutenuit
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© C.Tutenuit

De la nature au concept de la biodiversité

« La biodiversité est pour moi un concept récent : avant 2005, j’appelais cela la nature. Je l’en aimais d’autant plus, et depuis toujours, ayant eu la chance d’avoir depuis mon jeune âge « la main verte » plutôt le résultat de persévérance et de bon sens, à dire vrai !

Mon jardin a été celui de mes grands-parents avant d’être celui de mes parents. Ma grand-mère y apportait des plantes chaque fois qu’elle faisait un déplacement – il contient un magnolia, des asclépiades, des sapins rapportés des Alpes…

Mes parents en ont fait la maison des oiseaux et des petits enfants.

A mon tour de l’aimer et d’en prendre soin.  Le jardin est devenu Jardin de Noé dès que j’ai appris l’existence de l’initiative. »

 

pelouse naturelle au printemps.JPG
© C.Tutenuit

Un rôle engagé avec l’association Entreprises pour l’Environnement et le Muséum national d’Histoire naturelle

« En parallèle, depuis que je suis délégué général de l’association Entreprises pour l’Environnement (EpE), la biodiversité est devenue pour moi l’une des priorités de l’action en faveur de l’environnement.

EpE (www.epe-asso.org) rassemble une quarantaine de grandes entreprises qui partagent la vision de l’environnement comme source de progrès et d’opportunités, et travaillent ensemble à mieux le prendre en compte dans leurs stratégies et leurs opérations courantes. Elle permet le dialogue entre les entreprises et la communauté scientifique, les ONG, et entre elles.

Pour certaines entreprises, la biodiversité est un sujet traditionnel : les carriers qui doivent protéger et réaménager les carrières après exploitation, les constructeurs d’infrastructures linéaires, des autoroutes aux voies ferrées ou réseaux de lignes électriques qui savent désormais minimiser l’impact de leurs ouvrages sur les déplacements des animaux, ou compenser sur d’autres espaces pour évier la disparition d’espèces et d’écosystèmes.

Pour d’autres, le lien avec la nature est plus indirect, mais est de plus en plus travaillé et respecté : achats de bois limités aux forêts durablement gérées, respect ou introduction de la biodiversité dans les plantations, limitation des intrants agricoles ou plus grande sélectivité dans l’usage de pesticides.

C’est par EpE que j’ai compris l’état de dégradation et la vulnérabilité de la biodiversité, et aussi réalisé que sa préservation relève de chacun de nous, et de milliards de petits gestes : un sac en plastique dans la mer, c’est une menace pour les oiseaux et les animaux ; une route qui s’élargit, c’est plus de trafic, un appel à l’urbanisation, une gêne aux animaux voisins…

C’est aussi par EpE que j’ai fait connaissance avec Jean-Philippe Siblet, directeur du Service du Patrimoine Naturel au Museum national d’Histoire naturelle (MNHN), et eu l’idée de faire réaliser par son équipe un inventaire de la biodiversité dans et autour de la forêt intercommunale qui borde ma maison dans le Nord de l’Yonne. Cette forêt du Legs Thénard a été léguée aux communes de Rousson, Bussy-le-Repos, Villeneuve-sur-Yonne, etc. par la petite fille du baron Thénard, inventeur de l’eau oxygénée, mais aussi homme politique dont Victor Hugo a tiré le nom de Thénardier suite à leur bataille politique sur le travail des enfants. La forêt est exploitée par l’ONF mais est située dans une région proche de l’Ile-de-France, exploitée de plus en plus en grandes cultures et où la pression immobilière est forte. Cet endroit est classé comme corridor écologique (trames verte et bleue) à restaurer dans le schéma régional de cohérence écologique de Bourgogne. C’est donc un endroit à la fois sous pression, mais avec une richesse et un potentiel intéressants.

L’objectif de l’inventaire était que, par rapport à cette pression, il y ait un point de référence par rapport auquel on pourrait dans la durée mesurer les évolutions de la biodiversité.»

Cet inventaire a ainsi eu lieu à l’été 2013, ses résultats et ses recommandations ont été publiés depuis dans la revue Bourgogne Nature n°20. Ils ont aussi été présentés en réunion publique à Rousson, et suscité un vrai débat au sein de la population locale, surtout entre agriculteurs qui se sentent attaqués et le reste de la population qui s’inquiète pour les eaux souterraines, pour sa santé et pour la petite faune, abeilles, papillons et oiseaux, qui deviennent en effet plus rares. Le principal apiculteur local, dont le père a eu jusqu’à 600 ruches, n’en a plus que 200.

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© C.Tutenuit

Une association pour aller plus loin dans la sauvegarde de la biodiversité :

« Ces débats et discussions nous ont rapprochés de l’association Chaumot-Environnement et j’en suis devenue vice-présidente, avec l’objectif d’appliquer les recommandations du MNHN dans la gestion forestière, et de promouvoir et favoriser la restauration et l’enrichissement du corridor de biodiversité qui va de la forêt d’Othe au Gâtinais de Savigny sur Clairis : un ruban vert d’une quinzaine de kilomètres de long, des forêts, bocages, ruisseaux et sources, quelques prairies et même un peu de vigne…

L’association me permet, avec quelques amis aussi engagés, d’agir à la fois dans nos jardins et auprès de nombreuses personnes : réunions et conférences de sensibilisation, balades botaniques, dialogues avec les agriculteurs pour changer les pratiques agricoles dans les aires d’alimentation de captages, visites de sites (l’initiative Symbiose près de Reims), troc de plantes, sauvetage de crapauds, protection des haies…

Les idées et initiatives sont toujours plus nombreuses et nous aimerions que nos capacités d’action soient bien plus fortes ! Nous aurons prochainement un site internet et je ne manquerai pas de vous le signaler ! Nous essayons aussi de nous rapprocher du projet de Parc Naturel Régional du Bocage Gâtinais, avec l’objectif que les communes du corridor de biodiversité y soient intégrées. »

Tout ceci en continuant à désherber mes allées à la main (fraises des bois obligent), à soigner mon jardin et ses habitants, fleurs et arbres, oiseaux, chauves-souris, taupes, grenouilles… et à réparer les dégâts des animaux sauvages qui parviennent à s’y introduire. Le week-end dernier a été consacré à refaire (à la main) ma pelouse, dont une horde de sangliers avait fait un impressionnant puzzle en désordre !

Bénéficier du matériel de promotion de la biodiversité des Jardins de Noé sera donc précieux pour rendre ces actions plus efficaces lorsque nous tenons des stands ou rencontrons des jardiniers, nombreux dans la région. »

 Visitez le jardin de Claire 

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