Phénologie des floraisons

Si les changements climatiques ont des conséquences évidentes, comme la fonte des glaces, ils en ont aussi d’autres plus insidieuses. Ils ont en effet un impact sur les phénomènes périodiques des organismes qui sont rythmés par le climat. L’étude de cette périodicité est appelée la phénologie. Depuis quelque temps, les scientifiques, et bien d’autres, ont remarqué que les changements climatiques impactaient sérieusement la phénologie des plantes, des pollinisateurs ou d’autres.

Biosphoto-A.Agelet

Quels sont les impacts des changements climatiques sur les périodes de floraison et d’activité des pollinisateurs ?

Au cours de l’année, les plantes suivent un rythme bien particulier. Elles ont des phases de croissance, de dormance, de floraison et de fructification. Le passage d’une phase à l’autre, et surtout la sortie de la dormance, se fait en partie grâce aux changements des températures. Les plantes suivent ainsi les saisons. Cependant, avec les changements climatiques, les hivers sont plus doux et la phénologie est alors perturbée. Il a été observé que les plantes se réveillaient plus tôt. Elles ne sont pas les seules à subir ce genre de phénomène. C’est aussi le cas des oiseaux et des insectes où leur période de reproduction, de dormance ou de migration peuvent être altérés. Il a été montré que les différentes espèces ne voient pas forcément leur rythme se décaler parallèlement. Comme répercussions possibles, une plante peut fleurir quand ses pollinisateurs ne sont pas encore sortis et inversement. C’est ce qu’on appelle un décalage phénologique. Parce que les plantes, oiseaux et insectes sont tous dépendant les uns des autres pour se nourrir ou se reproduire, ce phénomène peut alors avoir des conséquences importantes. D’un côté, les plantes peuvent avoir du mal à se reproduire du fait de la baisse de pollinisation et de la baisse du transport des graines par les animaux. De l’autre, les insectes, oiseaux et autres auront moins de nourriture ce qui impactera directement leur survie.

Comment pallier à ce problème ?

Il est très difficile de prédire les conséquences du décalage phénologique

© C.Locqueville

et de le mesurer. Effectivement, chaque espèce peut potentiellement réagir d’une manière qui lui est propre. Il est donc difficile de mettre en place des réponses concrètes. Cependant, il peut être utile de favoriser la diversité des espèces. Ainsi, il y aura plus d’alternatives pour se nourrir ou se reproduire. Dans cette même idée, il peut être intéressant d’essayer d’avoir continuellement des plantes en floraison. Pour ce faire, il faudrait soit multiplier les essences avec des floraisons à différentes périodes soit en choisir avec des floraisons larges dans le temps. Cependant, les interactions entre les espèces sont parfois spécifiques à cause de la forme des fleurs ou bien des appendices buccaux. Il n’existe donc pas forcément de solution pour toutes les espèces. C’est une des raisons pour laquelle il est important d’endiguer les changements climatiques pour que cet effet soit moins important et que la biodiversité ait le temps d’évoluer avec eux.

Ce problème ne se voit pas uniquement avec les changements climatiques mais aussi entre les zones urbaines et rurales.  A cause de l’îlot de chaleur urbain, les températures sont plus élevées en ville. Vos jardins, qui sont des bulles de fraîcheurs, peuvent aider à entretenir une continuité écologique et avoir un effet tampon.

Avancées

Aujourd’hui, les impacts du changement climatique sont mieux compris ce qui permet de montrer de plus en plus pourquoi il est indispensable d’y remédier. Des alternatives à la pollinisation des plantes par les bonnes espèces spécifiques sont connues. Effectivement, il existe des techniques manuelles pour polliniser. Il est possible, à l’aide de ses doigts ou de pinceaux, de transporter soit-même le pollen d’une fleur mâle à une fleur femelle.  Il existe des cas, comme en Chine, où des agriculteurs ont du recourir à la pollinisation manuelle par manque d’insectes. Aussi, on peut utiliser les abeilles domestiques, que l’on implante nous-même à des endroits voulus, et qui ont la capacité de polliniser une large gamme de plantes. Ces solutions ne remplacent pourtant pas le réseau complexe du vivant en ce qui concerne l’efficacité de la pollinisation.  Avec la méthode manuelle, les fruits sont moins grand et produits en plus petite quantité. En plus de cela, c’est très chronophage. Aussi pour la plupart des cultures, les abeilles domestiques

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seules ne permettront qu’une pollinisation moins efficace qu’avec les pollinisateurs sauvages. Il faut donc persévérer dans la lutte contre les changements climatiques pour limiter les décalages phénologiques et ainsi maintenir une bonne diversité de pollinisateurs adaptés aux plantes au moment où elles fleurissent.

 

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