La protection du patrimoine naturel par l’Unesco

L’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) est une organisation bien connue de tous. De part son engagement envers le développement de l’éducation et de la culture à travers le monde, ainsi que ses programmes en lien avec la lutte contre les inégalités et les sciences humaines et sociales, l’Unesco est une des plus grandes institutions œuvrant dans un objectif jde développement durable. Bien que ces objectifs soient déjà assez large, l’Unesco présente également un volet dédié à la protection du patrimoine naturel, avec notamment un classement de « paysages culturels » pouvant inclure des jardins historiques, important tant sur le volet culturel que naturel. C’est cela que nous explorerons dans cet article.

Brève présentation de l’Unesco

L’UNESCO est une institution internationale de l’ONU crée en novembre 1945 suite aux ravages de la Seconde Guerre Mondiale. L’objectif premier de cette institution était ainsi de participer à une paix durable, en allant au-delà des accords économiques et politiques gérés par d’autres institutions, optant alors pour une démarche d’union des peuples par le dialogue des cultures.

Parmi les réalisations historiques de l’Unesco, on peut citer le travail de lutte contre le racisme avec notamment la « Déclaration d’experts sur les questions de race » en 1950 ainsi que la Déclaration sur la race et les préjugés raciaux de 1978. On peut également citer ses travaux pour l’éducation, comme des missions d’éducation de base dans plusieurs pays (Haïti en 1947, Afghanistan en 1949…) ; ou aussi dans le domaine de la communication, avec notamment des projets de formation et éducation pour les journalistes dès 1950, ou des programmes divers afin de favoriser la libre circulation de l’information dans le monde.

L’Unesco s’est également investie dans le domaine des sciences naturelles, notamment avec le Programme sur l’homme et la biosphère. Ce programme créé en 1971 associe sciences naturelles et sociales afin d’améliorer conditions de vie des populations et sauvegarder des écosystèmes naturels et gérés. Pour cela, le réseau mondial des réserves de biosphère (RMRB) a été mis en place, et compte actuellement 738 sites dans 134 pays. Ce sont des espaces d’apprentissage pour tester différentes approches multidisciplinaires afin de mieux comprendre les interactions entre systèmes sociaux et écologiques. Ce sont donc des espaces très intéressants qui permettent de promouvoir des solutions de réconciliation entre conservation de la biodiversité et services des écosystèmes, et cela à une échelle locale pour faire face aux changements globaux.

Village Pont-de-Montvert dans les Cévennes, paysage culturel classé réserve de biosphère par l’UNESCO
© Michel Cavalier / Biosphoto

Il existe également un grand aspect de protection de patrimoine naturel par l’Unesco qui passe par la préservation du patrimoine culturel.

Préservation du patrimoine culturel et naturel

Patrimoine mondial de l’Unesco

C’est en 1960 que l’Unesco a débuté ses activités dans le domaine de la culture par une campagne en Nubie afin de préserver des monuments des eaux montantes. Suite à de nombreuses campagnes de protections de sites culturels, l’Unesco adopte en 1972 la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, qui engage les États signataires à protéger les sites et les monuments dont la sauvegarde concerne l’humanité. On dénombre à ce jour 194 pays signataires de cette convention, avec les premiers sites inscrits en 1978. Chaque année, le patrimoine mondial (ensemble des sites protégés par la Convention) est actualisé par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco et compte aujourd’hui 1154 sites sur un total de 167 pays. Cette liste est très bien connue de nos jours, c’est une des caractérisations les plus prestigieuses pour les biens culturels dans le monde. Cette convention permet ainsi de cataloguer et nommer les biens culturels du monde entier d’importance pour l’héritage humain, et également de les conserver grâce au fonds du patrimoine mondial.
Parmi les sites protégés, on ne retrouve pas exclusivement des sites dits d’importance culturel : en effet l’Unesco caractérise les sites du patrimoine mondial en trois catégories : culturel, naturel et mixte. Parmi les 1154 sites du patrimoine mondial, on recense 218 sites naturels et 39 sites mixtes. Ces sites peuvent être de différents types, comme des forêts, des zones maritimes, des paysages ou des parcs naturels. C’est tout cet ensemble qui constitue une vraie source de préservation du patrimoine mondial de façon très large !

Notion de paysage culturel

Les notions de préservation de sites culturels et naturels sont ainsi très étroitement liées. Les jardins constituent un bon exemple de l’interconnexion entre ces deux domaines. Ils peuvent être très riches historiquement et culturellement, particulièrement les jardins remarquables, tout en possédant une valeur naturelle forte, avec des espèces spécifiques et un impact important sur la biodiversité.

Certains espaces peuvent également être considéré comme des paysage culturels. Les paysages culturels représentent les « œuvres conjuguées de l’homme et de la nature » comme définis dans la Convention du patrimoine mondial, dont la Liste inclus 121 sites considérés comme tels. Les paysages culturels représentent le lien entre l’évolution de la société humaine au cours des âges et les contraintes et/ou atouts présentés par leur environnement naturel.
Le terme « paysage culturel » englobe une grande variété d’interaction entre l’homme et son environnement naturel. Les paysages culturels sont souvent le reflet de techniques spécifiques d’utilisation des terres sur le long terme, prenant en considération les caractéristiques et les limites de l’environnement naturel dans lequel ils sont établis. La protection des paysages culturels peut contribuer aux méthodes actuelles d’utilisation durable des terres tout en conservant ou en améliorant les valeurs naturelles du paysage. La conservation de formes traditionnelles d’utilisation des terres peut aussi favoriser la biodiversité dans de nombreuses régions du monde, ce qui fait de la protection des paysages culturels un bon moyen de protéger la biodiversité.

Parc National du Simien en Ethiopie, exemple de paysage culturel classé Patrimoine mondial de l’Unesco
© Régis Cavignaux / Biosphoto

Critères environnementaux de sites du Patrimoine mondial

Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et répondre à au moins un des critères de sélection. Ces critères sont au nombre de 10, dont 4 critères qui correspondent à des caractéristiques environnementales :

-représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles ;

-être des exemples représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie ou de processus géologiques ;

-être des exemples représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ;

-contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.

Ces critères sont évalués avec la participation de l’IUCN pour les sites naturels, mixtes et les paysages culturels, et permettent de s’assurer de la qualité écologique des sites protégés.

Avantages de la préservation du patrimoine naturel par l’Unesco

L’Unesco permet ainsi d’offrir un niveau de protection supplémentaire à ces sites particuliers, ce qui peut avoir un vrai impact positif sur la biodiversité mondiale. Ce qui fonctionne particulièrement bien avec cette protection c’est qu’elle s’applique à de vastes ensembles notamment pour les paysages culturels. En protégeant un château et son jardin par exemple, l’Unesco peut également protéger une vaste zone tampon autour qui bénéficie du même statut de protection que le site d’intérêt patrimonial. Cette préservation sur grande zone permet ainsi d’inclure différents milieux préservés, comme des zones humides, des bois, des prairies etc… ce qui apporte un enjeu écosystémique à la protection du patrimoine.

Château de Chenonceau au Val de Loire
© Bruno Guénard / Biosphoto

Un exemple parlant que l’on retrouve en France est le site du Val de Loire. Situé dans les régions Centre-Val-de-Loire et Pays-de-la-Loire, ce site couvre une section du cours moyen de la Loire de 280 km. Il est inscrit depuis l’an 2000 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO comme paysage culturel vivant. On peut y retrouver plusieurs centaines d’édifices, de grands châteaux à monuments plus modestes, qui sont protégés au titre du code du Patrimoine et font l’objet de restaurations et d’entretien régulier. Autour de ces sites de patrimoine culturel, plusieurs dizaines de sites sont classés en application du code de l’Environnement, permettant une préservation de grandes portions de paysage. Ainsi, on retrouve de vastes sites préservés recouvrant une grande diversité de biotopes autour du fleuve : berges boisées, bancs sableux, îlots de gravier végétalisés, forêts. Tous ces milieux présentent une biodiversité riche à conserver, aussi bien en terme de faune que de flore.

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