L’épeire, l’araignée reine du jardin

Mythologie d’arachnide

C’est un fait, les araignées ont plus souvent tendance à nous effrayer qu’à générer tendresse et protection. Et pourtant, ces dernières possèdent d’impressionnantes compétences ayant inspiré les grecques. Alors quoi de mieux pour commencer qu’un peu de mythologie ?

Celle-ci raconte l’histoire d’Arachné, une tisseuse fille de teinturier ayant défié Athéna -notamment déesse des arts – au titre de meilleure tisseuse. L’objectif devait être de créer le vêtement le plus élégant. Athéna n’ayant pu égaler les talents d’Arachné, elle détruisit l’habit dans un accès de jalousie. Arachné en fut si marquée qu’elle tomba en dépression avant de se pendre. Athéna, coupable, décida de transformer la corde en toile et ressuscita Arachné sous la forme d’une bête, afin que ses talents ne soient jamais perdus. A noter qu’il existe de nombreuses versions de ce mythe, où sa transformation n’est pas due à un gage de bonté, mais au contraire une punition pour avoir défié les dieux.

Reine jusque dans son nom « Araneus diadematus »

Littéralement, cela signifie « épeire portant un diadème », en référence à la très caractéristique croix blanche qu’elle porte sur son abdomen. Il est possible de la retrouver sous plusieurs noms, tels qu’araignée porte-croix, épeire diadème ou araignée des jardins.

Le terme épeire est utilisé dans le langage courant mais porte souvent à confusion, rassemblant des espèces appartenant à plusieurs familles d’araignées. En général, il s’adresse à qualifier les espèces les plus communes, comme l’épeire fasciée (ou argiope frelon), l’épeire des roseaux, l’épeire concombre etc.

L’araignée porte-croix est très certainement l’araignée la plus commune de nos jardins. Araignée orbitèle, c’est-à-dire tissant des toiles circulaires dans le cas présent d’une grande qualité, elle appartient à la famille des Araneidae, possède 8 yeux simples -bien qu’elle ait une très mauvaise vue- et de belles mandibules pour tuer ses proies. Il est facile de la reconnaître à son motif en forme de croix sur l’abdomen et à ses pattes velues rayées de brun et de beige. Son corps est d’ailleurs couvert de ces mêmes couleurs.

Elle n’est pas d’une taille très impressionnante : les femelles avoisinent les 20mm, exceptionnellement 30mm et les mâles, plus petits, tournent autour des 12mm. Outre la taille, le dimorphisme sexuel de cette espèce peut être observé sur l’abdomen : ovale pour les femelles, allongé pour le mâle. Ce dernier possède également une première paire de pattes plus longues que les autres à maturité.

Complètement carnivore, elle se nourrit d’insectes plus petits ou de sa taille qu’elle tue avec son venin avant de les envelopper dans un cocon de soie. Compte tenu de son incapacité à mâcher, elle libère des sucs dans ses proies et les digère de l’intérieur, ne laissant qu’un exosquelette vide. Les plus grosses peuvent mordre l’homme si elles se sentent menacées mais la douleur est rarement plus importante qu’une piqûre de moustique.

Il est possible de trouver l’épeire diadème dans une grande partie de l’Europe, en France particulièrement, où elle fréquente aussi bien la ville que la campagne et tisse sa toile à proximité des arbres, buissons et haies. La saison commence au printemps et s’achève en hiver, après la période de reproduction en septembre. La parade nuptiale est d’ailleurs d’une grande originalité puisque le mâle, petite taille oblige, prend de grands risques pour sa vie, la femelle ayant tendance à le confondre avec une proie. A cet effet, il s’arrange pour lui offrir des proies et entame la parade en faisant vibrer la toile d’une certaine manière. Si la femelle est réceptive, le mâle s’approche doucement pour tenter de la féconder. Néanmoins, ce petit jeu peut durer longtemps, le mâle s’approchant et repartant. Parfois même, la parade n’aboutit pas.

Une fois la période de reproduction passée, la femelle dépose les œufs sous une écorce d’arbre ou des interstices qu’elle enveloppe d’un cocon avant de se laisser mourir d’épuisement. Les mâles, s’ils ne se sont pas faits dévorer, mourront également en fin de saison. Les juvéniles naîtront au printemps prochain, munis de toutes les caractéristiques de leurs aïeux, hormis la taille et la couleur, d’un beau jaune et noir.

Anecdote

Il faut faire vite durant la période de reproduction car chaque femelle n’est 
réceptive que 4 jours. Jusqu’à une soixantaine de mâles peuvent ainsi se 
succéder sur sa toile !

(Source : Ingo Arndt / Biosphoto)

La toile, mais quelle toile !

Le mythe d’Arachné montre bien l’impressionnante curiosité des hommes pour les capacités créatrices de ces bêtes à 8 pattes. Elles tissent en une heure l’équivalent de 20m de toile et sont très régulières dans leur travail, pour des rendus allant de 40cm à 1m de diamètre. La glue qui enduit certains fils de la toile la rend meurtrière pour le petit moucheron et jusqu’à l’abeille ! Au petit matin, les toiles se couvrent de rosée et deviennent de véritables pièges déjà très efficaces. En effet, la glue des fils attire l’eau, qui se charge électriquement à son contact générant ainsi de l’électricité statique. Autant dire qu’au moindre bourdonnement de proximité, la toile s’anime et saute au corps du malheureux.

On retrouve généralement l’épeire diadème au centre de la toile, la tête vers le bas. Ses deux premières paires sont dirigées vers l’avant, sa troisième perpendiculaire à son corps et la dernière étendue en arrière. Si néanmoins elle quitte sa place, il est possible de la retrouver à proximité, cachée sous le feuillage. A l’affut de la moindre proie, l’araignée reste constamment reliée à un fil ingénieusement construit pour lui indiquer la taille et l’emplacement exact de sa proie, même si cette dernière ne bouge pas. Pour éviter d’être prise à son propre piège, l’araignée se déplace sur les fils non collants et possède des poils anti adhésifs.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à visionner cette rapide vidéo !

(Source : Ingo Arndt / Biosphoto)

L’épeire diadème et mon jardin

L’araignée porte-croix, comme de nombreuses araignées orbitèles, sont d’excellentes chasseuses. Elles vous débarrasseront en été des pucerons, moustiques, guêpes… Son côté commun la rend également très intéressante pédagogiquement parlant, cette dernière ayant tendance à ne pas bouger du centre de sa toile à moins de capturer une proie et gardant une petite taille. Elle agit également comme un maillon de la chaîne alimentaire, proie d’animaux plus grands tels que les oiseaux, lézards, pompiles et insectes parasites ainsi que les petits mammifères. Occasionnellement -et on se prend à espérer jamais- la sandale d’un homme.

Si vous souhaitez la valoriser au jardin et apprécier un été sans -trop de- moustiques, un simple carré d’herbes folles devrait suffire pour lui laisser tisser tranquillement sa toile. Enfin, dernier petit conseil applicable à de nombreuses autres espèces, pensez à privilégier le nettoyage de la végétation morte à la fin de l’hiver plutôt qu’à l’automne.

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