A la découverte du Domaine de Saint-Germain-en-Laye

Attenants au Château de Saint-Germain-en-Laye qui abrite le Musée d’archéologie nationale depuis 1862 et jouxtant la forêt domaniale de près de 3500 hectares, les 40 hectares de jardins du domaine national de Saint-Germain-en-Laye sont divisés en deux parties : les jardins d’André le Nôtre et le jardin anglais. Le domaine est labellisé « jardin remarquable » et le parc est classé au titre des monuments historiques depuis 1964. Depuis 2010, la gestion des jardins et le Musée a été rattaché.

Jardin du Domaine de Saint-Germain-en-Laye (source : Mathilde Planchat-Leveque / Noé)

Les jardins d’André le Nôtre, un renouveau pour les espaces verts du domaine

Dans le début des années 1660, après plusieurs années sans entretien, Louis XIV demande à André Le Nôtre de réaménager les lieux. Les travaux ont lieu entre 1663 et 1672 en parallèle de l‘aménagement des jardins de Versailles (1662 – 1687) et démontrent une fois de plus toute l’ingéniosité du jardinier.

Parmi ses réalisations dans les jardins, la Grande Terrasse, longue de près de 2km, offre une vue époustouflante sur Paris et la vallée de la Seine. Elle est construite après le réaménagement des jardins dont profite maintenant la cour de Louis XIV qui s’y est installé en 1666, et au terme d’importants travaux, devient une parfaite illustration du génie de Le Nôtre en termes de perspectives et jeux d’optique : par plusieurs différences de niveaux appelées anamorphoses, le visiteur pense avoir parcouru la moitié de la Grande Terrasse quand il n’en est qu’au tiers.

L’arrivée du chemin de fer en 1840 va permettre à la Grande Terrasse de devenir un lieu très prisé des promeneurs jusque dans les années 1930.

Le Nôtre a créé quatre espaces verts qui ont chacun leurs caractéristiques.

Le Grand Parterre qui, comme son nom l’indique, est constitué de grands parterres de gazon entourés de massifs fleuris, d’ifs en topiaires, de vivaces et de buis de bordure.

Le Jardin de la Dauphine, appelé à l’origine « parterre au gazon » est un vaste jardin constitué de deux grands espaces en pelouse entourés de marronniers et de tilleuls. Il tient son nom de Marie-Anne de Bavière, épouse du Grand Dauphin, qui s’y promenait souvent.

Allée de tilleuls datant des années 50 (source : Mathilde Planchat-Leveque / Noé)

Le Parterre en Biais, créé pour compléter la perspective formée par le grand parterre et le Jardin de la Dauphine.

Le Boulingrin était un jardin de gazon ombragé et fleuri en forme de creux destiné à jouer aux boules. Son nom vient de la francisation de l’expression anglaise « Bowling Green ». Il fut en partie détruit en 1764 par la création du chemin du roi sous le règne de Louis XV et n’existe plus aujourd’hui.

La Grande Terrasse (source : Mathilde Planchat-Leveque / Noé)

Le jardin anglais, une transition entre les jardins à la française de Le Nôtre et la forêt adjacente

Le jardin anglais est le jardin le plus récent du domaine. Il fut créé en 1845 par Alexandre Prosper Loaisel de Tréogate, ingénieur des Domaines de la Couronne suite à la demande de création d’un jardin anglais par le roi Louis-Philippe faite en 1844 à l’occasion de la création de la ligne de chemin de fer entre Paris et Saint-Germain-en-Laye.

La ligne de chemin de fer entraînant la disparition d’une partie de la forêt domaniale et une modification du Grand Parterre de Le Nôtre, le roi Louis-Philippe demande alors que 3 hectares de la forêt royale soient aménagés en jardin anglais.

Alexandre Loaisel de Tréogate, en charge de l’aménagement du jardin, trace des allées serpentines qui invitent le promeneur à un parcours sinueux à travers les divers massifs et bosquets, créant un jeu de regards et de perspectives.

La présence de trois axes rectilignes, prolongement des allées des jardins de Le Nôtre, montre toutefois la forte influence de la structure des jardins à la française sur la conception de ce jardin qui se veut naturel et irrégulier.

Les jardins du domaine, un vrai « laboratoire de gestion écologique des espaces verts »

Depuis quelques années, les jardiniers du domaine ont développé une gestion éco-responsable variée. Ils y ont réduit l’usage d’intrants (tourbe, insecticides, herbicides, engrais chimiques…), emploient du BRF (bois raméal fragmenté) pour pailler et enrichir le sol. L’installation de plusieurs ruches a permis une augmentation de la floraison. Dans la même démarche de préservation de la biodiversité, l’utilisation d’arbres sénescents (bois vieux ou mort toujours debout) notamment comme « hôtels à insectes » favorise la biodiversité locale, appuyés par la présence de nichoirs et de mangeoires pour les oiseaux et les insectes.

Les adventices se mêlent donc aux plantes dans les massifs pour le bonheur des pollinisateurs sauvages.

Abeille dans un massif fleuri (source : Mathilde Planchat-Leveque / Noé)

Adventice dans le massif fleuri (source : Mathilde Planchat-Leveque / Noé)

Trois prairies sont présentes sur le site : deux prairies de fauche et une prairie semée. Afin de mesurer la qualité écologique des deux prairies de fauche, l’équipe a été formé au protocole Florilèges créé notamment par le Muséum nationale d’Histoire naturelle et Plante & Cité.

Prairie semée (source : Mathilde Planchat-Leveque / Noé)

Le Domaine de Saint-Germain-en-Laye, à l’image du Domaine de Chantilly ou du Potager du Roi, fait donc parti des sites labellisés « Jardins Remarquables » qui s’engagent pour une gestion écologique des espaces verts.

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