Partie 1 : étude des caractéristiques du jardin
C’est bien souvent lorsque l’automne est là que nous devenons nostalgiques de notre jardin, de ses belles fleurs printanières, des bons moments passés en terrasse cet été et des fruits et légumes que nous avons récoltés. Vous avez peut-être eu également des nouvelles idées pour faire évoluer votre jardin ? Une envie de remplacer une haie par exemple, de créer un potager, de semer une prairie fleurie… Et avec les différents enjeux environnementaux que nous connaissons aujourd’hui, il est parfois difficile de savoir quelle essence planter. Quelle plante est à la fois favorable à la biodiversité, adaptée à mon sol et au changement climatique, et répondant à mes envies ?
Découvrez dans cet article et le suivant, la méthodologie et les outils pour vous accompagner dans votre réflexion.

Identifier les usagers du jardin
Tout d’abord, c’est peut-être un détail mais il ne faut pas l’oublier : votre réflexion doit partir de votre jardin existant et des usages qui y prennent place. S’il existe aujourd’hui un espace de jeux pour les enfants, il est alors conseillé de porter un point d’attention sur la toxicité des végétaux.
Par exemple : le laurier-rose est très toxique à l’ingestion et au toucher. Le contact avec sa sève peut causer de graves brûlures cutanées, et il faut impérativement se laver les mains après avoir touché des feuilles, sous peine d’ingérer accidentellement des substances toxiques générant de graves symptômes digestifs, neurologiques et cardiaques.
Si vous avez un animal de compagnie, pensez aussi à ce risque de toxicité et renseignez-vous sur les essences à éviter.
Connaître son sol
Le sol est un élément essentiel pour définir sa palette végétale, il faut notamment connaître :
Sa profondeur
En effet, les végétaux qui vont bien s'implanter dans votre jardin vont dépendre de la profondeur de sol. Cela nous semble aussi évident, les arbres et arbustes ont un volume racinaire plus important qu'une herbacée ! Il existe donc des règles qui identifient les strates végétales adaptées selon la profondeur de votre sol.
Pour exemple : l’ADIVET (association des toitures et façades végétalisées) explique que seules des plantes herbacées ne doivent être plantées et/ou semées lorsque vous avez un sol épais de 30cm ou moins.

En règle générale, il faut donc retenir que les petits arbustes peuvent s’implanter à partir de 30cm de profondeur de sol, et pour un jeune arbres à planter il faut au moins 80cm de profondeur de sol.
Cela vaut aussi pour les plantes que vous souhaitez mettre en pot.
Si votre jardin est “en pleine terre” : sans construction en dessous, alors vous pouvez planter toutes les strates que vous voulez.
Sa texture
La texture d'un sol est la proportion entre les petites particules minérales (argiles), les particules minérales de taille moyenne (limons), et les grandes particules minérales (sables). Ainsi, les sols sont regroupés en classes : sol argileux, limono-sableux...en fonction de ces proportions.
La texture apporte des informations utiles sur la gestion de l'eau et la fertilisation. Par exemple, un sol sableux draine beaucoup plus vite qu'un sol argileux.
Avec un sol assez sableux, l’eau ne va pas rester longtemps dans le sol : elle va très vite s’écouler et aller rejoindre les nappes. Le sol est donc peu souvent secs, il faudra privilégier des végétaux adaptés.
Avec un sol argileux c’est le contraire : le sol est souvent assez fertile mais très compact, et il va avoir tendance à retenir l’eau. Il faudra donc trouver des végétaux qui aiment l’eau, et qui ont des racines suffisamment robustes pour croître “à travers l’argile”.
Enfin, un sol limoneux est plutôt fertile et retient moyennement l’eau. Il faut souvent une forte quantité de limon dans un sol pour qu’il conserve une certaine humidité sans que l’eau ne stagne : dans ce cas nous disons que le sol est “frais”. Le sol limoneux étant assez léger, s’il est laissé à nu et sans travail du sol, il va alors se tasser sous le piétinement, se compacter et asphyxier les racines des végétaux qui y seront plantés.

Vous pouvez réaliser chez vous le test du boudin, pour connaître la texture de votre sol ! Pour cela, il suffit de prendre une poignée de terre et l’humidifier légèrement.
1/ Essayez de former un boudin de terre, et de l’affiner : le diamètre doit être au maximum de 1cm.
- Si le boudin se casse : la terre est majoritairement sableuse
- Si le boudin se tient : le test peut continuer et vous savez que votre sol contient au moins 10 % d’argile.
2/ Essayer de former un demi-cercle avec votre boudin.
- Si le boudin casse : la terre est à tendance limoneuse ou sableuse
- Si le boudin se tient : alors le test continue, et votre sol contient au moins 15% d’argile.

3/ Essayez maintenant de former un cercle entier
- Si le cercle est formé mais présente des craquelures, la terre contient environ 30 % d’argile.
- Si aucune craquelure n’est visible, alors la terre contient au minimum 50 % d’argile.
Plus d’informations ici : https://documentation.pnrsud.fr/doc_num_data.php?explnum_id=1176
Son hygrométrie : son taux d'humidité
Comme vu précédemment, l’humidité présente dans le sol va dépendre de sa texture, mais également de la végétation présente, de la pluviométrie et des nappes et cours d’eau de votre région.
Un sol majoritairement sableux va avoir tendance à être sec, le sable laissant filer l’eau : le sol se dessèche plus rapidement. Au contraire un sol très argileux va avoir tendance à retenir l’eau. Les végétaux que vous décidez de planter dans votre jardin doivent être adaptés à votre type de sol et à la pluviométrie de votre région. Sinon, ils peuvent dépérir par excès d’eau, ou vous devrez mettre en place un arrosage régulier pour palier le manque d’eau …
Son pH : calcaire, neutre, acide
Selon la roche-mère du sol, celui-ci est plus ou moins acide. Ici encore c’est un paramètre à prendre en compte si vous avec un jardin en “pleine terre”. En effet, certains végétaux originaires d’une région, ne sont adaptés que pour une certaine acuité de sol.
Par exemple : les charmes supportent bien les sols calcaires alors que les rhododendrons vont préférer des sols acides.
Une bonne méthode pour savoir si votre sol est calcaire :
- Prenez un échantillon de terre dans un récipient
- Versez du vinaigre blanc sur la terre.
- Si cela mousse, aucun doute, le sol est calcaire !
Notre conseil : discutez-en avec votre pépiniériste local ! Ces professionnels sont des experts du végétal, et ils connaissent bien le climat et les sols de votre région. Ils vous guideront dans vos choix, et pourront vous conseiller d’autres essences adaptées auxquelles vous n’aviez pas pensé.
Connaître votre climat
Ici c’est un simple rappel mais avant de planter un végétal dans son jardin il faut étudier son emplacement, et voir paramètres climatiques :
- Quelle exposition au soleil ? Certains végétaux préfèrent le plein soleil, d’autres la mi-ombre…
- Quelle exposition au vent ? De la même manière, certains végétaux ne supportent pas le vent et ne se développeront pas
- Quelles sont les températures minimales et maximales ? Certaines plantes ne supportent pas les températures négatives, d’autres souffrent énormément avec les fortes chaleurs, …
Vous pouvez trouver beaucoup d’informations sur les essences végétales sur internet, vous pouvez également demander conseil à votre pépiniériste.
Identifier les enjeux écologiques locaux
Nous vous encourageons ici à vous renseigner sur la biodiversité qui vous entoure. Pourquoi ne pas créer dans votre jardin un “point relai” pour la faune locale, en proposant des abris et des ressources alimentaires qui leurs sont adaptés ?
Pour cela, vous pouvez consulter plusieurs ressources :
- Si votre commune ou une commune voisine a réalisé un ABC : Atlas de la Biodiversité Communale. Cela signifie qu’un inventaire faune et flore existe, vous pouvez le consulter et voir les espèces présentes sur votre territoire ! Des espèces à enjeux ont probablement été identifiées : inspirez-vous en pour planter des végétaux qui leurs sont favorables.
- Via la démarche ‘Faune-France’. En allant sur le site internet faune-[nom de votre région].org, vous pouvez consultez les espèces observées sur votre commune ou les communes voisines
- Plus largement, certains documents planification comme le PCAET ou le PLU peuvent parfois détailler les enjeux écologiques de votre territoire
Rappel de la réglementation
Nous voulions ici indiquer que de plus en plus de PLU et PLUi intègrent une palette végétale adaptée à la région. Ils peuvent donc être des supports dans votre réflexion.
Egalement à anticiper, le PLU - ou à défaut le Code Civil - définissent les règles relatives aux distances de plantation des arbres et arbustes en limite de propriété.
Le Code Civil dit notamment que :
- Les arbres, dont la hauteur est supérieure à 2 mètres doivent être plantés à une distance minimum de 2 mètres de la propriété voisine,
- Les arbres ou arbustes, dont la hauteur est inférieure à 2 mètres doivent être plantés à une distance minimum de 0,5 mètre de la propriété voisine.

Anticiper l'entretien des végétaux
Enfin, déterminer en amont le temps que vous avez à dédier pour l’entretien de ces végétaux, ainsi que le matériel d’entretien que vous disposez.
Par exemple : avez-vous de quoi faucher si vous souhaitez semer une prairie fleurie, et de quel budget disposez-vous ? Si vous souhaitiez une ambiance fleurie et champêtre, peut-être que des vivaces peuvent alors se révéler plus adaptées.
Après avoir vu ensemble toutes les caractéristiques à connaître ou les éléments à identifier en amont de votre projet de plantation, nous vous préparons un deuxième article traitant des outils à votre disposition pour choisir les bons végétaux : adaptés à votre jardin, vos usages et utiles à la biodiversité.