La fouine

Maître dans l'art de fouiner

Quelques crottes contenant poils, plumes et pépins de baies laissés au pied d’un arbre sont bien souvent les seules marques de sa présence. Pourtant elle est là, parmi nos habitations, nos greniers et nos jardins. Elle est même passée maître dans l’art de fouiner (c’est le cas de le dire) jusque dans nos centres villes à la recherche de nourriture. La Fouine, car c’est bien elle, est curieuse de tout. C’est là son plus vilain défaut, mais c’est aussi ce qui la rend d’autant plus attachante …

Maître dans l’art de fouiner

Biosphoto-G.Lacz-fouine
© C. König / Biosphoto

Pourquoi s’intéresser à la Fouine ?

Un animal opportuniste
Elle occupe des milieux très variés, surtout à la campagne mais aussi à proximité des habitations et jusque dans les grandes villes. N’importe quel bâtiment suffisamment calme et riche en nourriture (rongeurs et autres) lui convient. Sa présence n’est pas toujours discrète : son activité nocturne peut être bruyante, particulièrement durant le rut (de juin à août), période au cours de laquelle les courses entre mâles et femelles dans les greniers et faux plafond sont courantes.

Elle occupe une place de prédateur, mais de fait son régime alimentaire est très varié. Elle s’adapte aux disponibilités, selon les lieux et les saisons : petits mammifères (surmulots, campagnols, souris, musaraignes,…), oiseaux, œufs, fruits, baies, insectes, vers de terre et déchets de l’alimentation humaine.

Elle préfère généralement les sources de nourritures les plus abondantes et les plus faciles. (Rongeurs lors de pullulations, pigeons en ville, fruits des arbustes des parcs urbains,…).
Il ne faudrait pas oublier qu’à l’époque romaine, les chasseurs de souris dans les habitations n’étaient pas encore les chats (ramenés plus tard d’Egypte) mais les fouines… Et pour cause ! C’est un des seuls animaux capables de s’attaquer aux rats surmulots, participant ainsi à la régulation de leurs populations.

Ses fécès mesurent 8 à 10 cm de long, pour 1 cm de diamètre, et contiennent des poils, plumes, éclats d’os, fragments de coquilles d’œuf, et l’été des baies et pépins, ainsi que, parfois, toutes sortes d’articles prélevés dans nos poubelles (chewing-gum, élastique, papier d’aluminium) ! La présence de latrines odorantes à proximité des gîtes est caractéristique.

Qui est-elle ?

Ne pas la confondre avec sa cousine la Martre   
Sa longueur peut être de 40 à 50 centimètres pour les mâles et son poids se situe entre 1,3 et 2,3 kilogrammes, à peu près comme la Martre, espèce avec laquelle il est difficile de la distinguer. Pourtant, il ne s’agit pas de la même espèce, puisqu’elles ne sont pas interfécondes Pour les reconnaître il suffit d’observer la tache présente sur le poitrail : chez la Martre, celle-ci est en général jaunâtre alors qu’elle est blanche chez la Fouine. Cette tache se prolonge vers les pattes antérieures chez la Fouine mais pas chez la Martre, chez qui le reste du pelage est également plus sombre. De plus, la Martre vit essentiellement en milieu forestier, et évite les habitations humaines.

La Fouine a une longévité de 10 à 12 ans, mais son taux de mortalité est très important les deux premières années de sa vie (environ 50 % la 1ère année), essentiellement du fait de la circulation routière et du piégeage.

Une reproduction particulière

Si le rut a lieu de juin à août, les ovules fécondés ne s’implantent dans l’utérus que huit mois plus tard, vers février-mars, à la suite de quoi la gestation vraie dure 2 mois, les petits naissant en mars-avril. La Fouine fait une seule portée par an, 3 petits en moyenne. L’allaitement dure 7 à 8 semaines.

En dehors de cette période, la Fouine est un animal solitaire. Elle possède à la base de la queue des glandes contenant un musc odorant, sécrété pour marquer son territoire ou quand elle se sent en danger ou agressée.

Des gîtes variés
Les gîtes de la Fouine (pour le repos diurne, l’élevage des jeunes ou les réserve de nourriture)  sont extrêmement variés : cavités arboricoles, nichoirs de chouettes, pierrières, éboulis, carrières, tas de parpaings, vieux murs, ruines, terriers de Lapin ou de Renard, tas de bois, racines, chablis, faux plafond, greniers, tas de foin… Elle change de gîte selon la température, préférant par exemple le foin en hiver et les cavités arboricoles l’été.

Une mauvaise réputation

En campagne, la fouine possède une mauvaise réputation. Il peut parfois arriver qu’un individu à la recherche d’œufs entre dans un poulailler… où rares seront les volailles survivantes. En effet des études comportementales ont montrées que la frénésie dont elle fait preuve en présence de volailles caquetantes n’est que la réaction instinctive à une agression, l’animal ne supportant pas l’agitation et le bruit causés par sa venue. De fait, elle égorge tout ce qui bouge jusqu’à ce que revienne le calme, indépendamment de la sensation de faim. Ces cas sont tout de même rares.

Cohabiter avec la Fouine, c’est possible !

  • Fermez les accès à vos combles : afin d’éviter les cavalcades nocturnes au-dessus de vos têtes voire une détérioration de l’isolation de votre maison, obturez les accès aux greniers et autres lieux. Attention ! Une fouine peut passer par un trou de 5 cm de large et 7 cm de haut. Pensez donc à vérifier les faux plafonds, grilles d’aération etc.

Pour ne pas emprisonner de fouine à l’intérieur, effectuez ce travail à l’automne, quand les jeunes ont abandonné leur gîte, et de nuit, quand les individus sont sortis se nourrir.
Vous pouvez également poser des manchons grillagés qui permettront la sortie mais interdiront toute entrée. Ces manchons, hérissés de pointes tournées vers le bas (appelés « stop minou » dans le commerce) seront placés autour des gouttières, poutres extérieures, plantes grimpantes, arbres proches des maisons etc.

  • Protégez vos poulaillers : la mise en place d’un treillis solide de maille 25 mm, enterré (non pas pour la Fouine mais pour le Renard !), empêchera la Fouine de pénétrer dans l’enclos. Les poules devront avoir un abri pour passer la nuit, qu’il convient de fermer au coucher du soleil.
  • Pour éviter les sacs poubelle éventrés, évitez d’y mettre des restes de nourriture. Préférez le tas de compost au fond du jardin… qui sera aussi apprécié de vos légumes !
  • Depuis peu, la Fouine aime s’attaquer à certains éléments caoutchoutés des voitures. La seule solution est de badigeonner ces éléments avec un répulsif (carbolineum) en vente dans les drogueries.
  • Offrez-lui un abri à l’écart de votre habitation : un éboulis de pierre, un cabanon de jardin non utilisé ou un trou dans un arbre pourront servir de nids pour les mises-bas des femelles.
  • Ne la piégez pas, ne l’empoisonnez pas ! La supprimer n’est pas une solution car d’autres fouines occuperont rapidement la place laissée vacante par l’élimination des premières…
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